Salut Nico, est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Nicolas, je suis l’un des 3 co-fondateurs de Nomads Surfing (avec Basile et Thomas). Après mon école de commerce à Bordeaux, j’ai passé 4 ans en Malaisie pour le boulot et depuis 2017 je suis sur le projet de Nomads Surfing.
Quelle type de glisse pratiques-tu ?
Quand j’étais plus jeune je faisais de la planche à voile et de la voile sur les lacs autour de Bordeaux. Pour la glisse j’y suis arrivé assez tard, vers 20 ans. J’ai débuté par le bodyboard comme tout le monde, parce que c’est plus simple, puis le surf. Depuis 5 ans, j’ai la chance de pouvoir en faire plus régulièrement, ce qui me permet de progresser. Je n’ai pas un gros niveau, on va dire que je suis “intermédiaire”. Mais la performance n’est pas ce que je recherche. Pour moi le surf c’est du plaisir avant tout. Quand je vais à l’eau j’ai le smile, je parle à tout le monde et j’essaie de répandre la bonne humeur à l’eau.
A quel moment as tu eu le « déclic écologique » ?
Lors de mes surf trips quand j’habitais en Asie. On se retrouvait à surfer au milieu d’une mer de plastiques. Juste en ramant je pouvais faire mon beach clean up. Pour moi ça a été une sacrée prise de conscience.
En rentrant en 2017 en France, avec Basile et Thomas on s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour les surfeurs, pour essayer de faire changer les mentalités.
On s’est rendu compte qu’entre la pratique qui est hyper polluante parce que les surfeurs prennent l’avion pour leur surf trips et le matos, qui est lui aussi hyper polluant, il y avait des choses à faire. On a donc regardé quelles alternatives on pouvait mettre en place pour changer ça.
C’est donc pour cela que vous avez créé Nomads ?
Tout à fait, on a regardé ce qui se faisait et on a remarqué qu’il n’y avait que très peu d’alternatives éco-responsables au niveau des planches et des accessoires. Il y avait Notox qui est vraiment un précurseur sur les planches, mais en termes d’accessoires il n’y avait presque rien. Il y a bien quelques projets par ci, par là mais la plupart du temps ces accessoires sont fabriqués en Asie.
On s’est donc penché sur le sujet avec comme objectif de proposer une gamme d’accessoires issue de l’économie circulaire et made in France.
Et nous, on a voulu aller plus loin en rapatriant la fabrication de ces dérives en France. On l’a appelé “la dérive qui fait du bien aux océans”.
D’où la création de vos dérives éco-responsables et locales ?
Exactement, par le passé il y a déjà eu des projets de dérives fabriquées à partir de filets de pêche recyclés. Mais ces dérives sont fabriquées loin de chez nous.
Et nous, on a voulu aller plus loin en rapatriant la fabrication de ces dérives en France.
On l’a appelé “la dérive qui fait du bien aux océans”.
Concrètement, comment se passe la collecte des déchets ?
On bosse avec Sea2sea qui est une société espagnole qui nous fournit la matière première.
Elle a créé un réseau de 26 ports en Espagne dans lesquels elle collecte les déchets venant de l’océan pour leurs donner une seconde vie.
Pour nos dérives il nous faut du nylon (qui est un type de plastique particulier). Et justement les filets de pêches sont faits en nylon. Lorsqu’ils sont cassés (et irréparables) les marins les réforment et cela devient un déchet. C’est à ce moment-là que nous les récupérons pour en faire des dérives.
En Europe bien que la pratique soit interdite comme partout sur la planète, c’est 33 000 filets qui sont largués par an pour cause de mauvaise météorologie ou de guerre entre pêcheurs selon l’association circular Ocean.
En ce moment Sea2sea met en place des partenariats avec le Ghana pour récupérer ces filets fantômes et ensuite les recycler… peut être en dérives.
L’Espagne semble vraiment en avance sur ce genre de projet. Pourquoi ? Comment pourrait-on nous organiser pour faire la même chose en France ?
Il existe des solutions en France et dans d’autres pays Européens. Nous nous sommes rapprochés de certains intervenants sur ce marché comme Fil&Fab en Bretagne. Ils en sont au début de leur aventure mais nous gardons contact avec eux.
D’un autre côté, notre association partenaire Project Rescue Ocean a mis 8 tonnes de filets de côté avec les thoniers marseillais. Nous espérons pouvoir donner une seconde vie à cette matière très prochainement.
Enfin, nous assisterons le 29 Octobre prochain à une table ronde organisée par la CCI de Bordeaux avec des responsables de ports, des entreprises et des associations pour voir quelles sont les possibilités de recyclage de ces filets.
Comment est-ce qu’on passe d’un filet de pêche à une dérive ?
Les filets sont envoyés au Portugal pour y être transformés en petites billes de plastiques. C’est cette matière que nous récupérons.
Les billes sont envoyées chez notre plasturgiste en France à Thiers. Pour que les dérives soient suffisamment rigides, on va mélanger 70 % de billes de nylon avec 30 % de fibre de verre. Ce mélange est ensuite injecté dans notre moule pour en faire des dérives.
Fabriquer un moule c’est plus de 200 heures d’usinage donc ça coûte très cher (environ 15 000€).
Vous avez donc développé et fabriqué un moule spécialement pour vos dérives ?
Oui, je peux même vous dire que c’est ce moule qui représente la plus grosse partie du projet. C’est pour lui qu’on fait un financement participatif. Fabriquer un moule c’est plus de 200 heures d’usinage donc ça coûte très cher (environ 15 000€).
Pour l’achat du moule on a été soutenu par la région Nouvelle Aquitaine qui nous a octroyé l’aide PTI (prestation tremplin innovation). Cela nous a bien aidé dans le projet.
La dérive de surf n’est pas en soi une “innovation” mais c’est le concept global (fabrication en France à partir de matériaux recyclés) qui est innovant.
Pour nous c’est un excellent signal, cela veut dire que l’innovation par le “bas”, l’économie circulaire est valorisée. Cela prouve qu’on n’est pas obligé d’innover avec de la technologie qui est souvent très énergivore pour faire des choses bien.
Et niveau solidité, comment se comporte votre dérive par rapport à une dérive “traditionnelle” ?
On a fait plusieurs tests de souplesse et de résistance de notre dérive en la comparant avec une dérive “similaire” (la M5 de chez FCS). Ce qu’on peut dire c’est qu’on est au moins équivalent.
Les dérives sont disponibles sous 2 formats (FCS 1 et Future), est-ce que cela veut dire qu’il y a 2 moules ?
Non, on a qu’un seul moule (heureusement vu le prix). C’est l’embase qu’on vient changer en fonction du format de dérive qu’on veut fabriquer.
Et pour conclure, notre traditionnel question “passage de relais”. Quel autre rider souhaiterais-tu voir dans notre interview Green Rider ?
Sans hésiter Renaud Lavillenie et Blair Connor… Ce sont deux sportifs de très haut niveau qui “utilisent” la glisse pour pouvoir s’évader et trouver un équilibre. C’est clairement deux personnes très inspirantes. Et en plus ils rident avec une board Nomads !
Pour suivre les aventures de Nomads :
– Instagram
– Facebook
– Site internet
– Pour participer au financement participatif des dérives
Super article comme souvent, interview sympa. J’espère que le projet va continuer de plus belle, avec des acteurs français quand ceux-ci seront prêts 😉
Merci beaucoup Christophe 😉 !!