Pourquoi je culpabilise de faire une session de kite inoubliable

spot de kitesurf idyllique

Jeudi 26 décembre. Il est 7h30. Je m’installe devant mon PC pour attaquer ma journée de travail. Aujourd’hui est un jour peu spécial car nous sommes le lendemain de Noël et je me sens un peu barbouillé par tous les excès de la veille.

Léger retour en arrière, je reviens à la veille au soir (le 25 décembre).

J’échange quelques whatsapp avec les potes à base de screenshot des prévisions de vent. J’habite sur Rennes et une session se profile sur Saint-Malo pour le lendemain en début d’après-midi. La journée de Noël finissait bien, Eole s’apprêtait à m’offrir son cadeau…

Retour au 26 matin. Première chose que je fais au réveil de ce fameux jeudi, je check les prévisions. Et là… catastrophe !

Le vent est tombé et la session est compromise.

Je me console en me disant que c’est un mal pour un bien et que ça me permettra de bosser… Mais avant de quitter l’application, je clique sur les prévisions de Quiberon. Je sais que c’est loin pour un aller-retour sur la journée (250 km AR) et que ce n’est pas raisonnable mais c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’en empêcher.

Et c’est à partir de ce moment que la journée part en vrille… Les prévisions sur Quiberon sont magiques : soleil, vent régulier d’environ 25 nœuds et une température extérieure très (trop) clémente pour la saison, 12°C.

pévisions météo session de kitesurf
Tentant non ? c’est les prevs du mardi 24 mais celles du jeudi 26 étaient identiques…

La bonne marée est en fin de matinée et si je veux profiter des conditions optimales, il faut partir de Rennes vers 9h.

Mes potes ne peuvent pas me suivre. Je vérifie les groupes facebook pour voir s’il y a un covoiturage qui pourrait correspondre… mais non. Et il est trop tard pour en proposer un, je dois partir dans 1h… Je suis donc seul sur ce coup-là.

8h : Commence alors le gros dilemme

Les dernières semaines ont été très pauvres en session de kite et de surf. Sur les 2 derniers mois je ne suis sorti qu’une seule fois et j’ai vraiment, VRAIMENT, la dalle !

La session s’annonce parfaite et je sens que j’en ai besoin. Mais ma conscience me rappelle à la raison, à juste titre.

Ce déplacement en voiture tout seul n’est vraiment pas une bonne idée pour la planète.

Un fort sentiment de culpabilité commence à m’envahir.

Je sais que faire ce trajet n’est pas raisonnable mais je ne sais pas à quel point.

8h30 : La réflexion

Je me rends donc sur le calculateur carbone du site Goodplanet et je simule mon déplacement : 251 km aller-retour avec une voiture (polo) diesel.

Roulement de tambour… le résultat est de 0,06 tonnes de CO2. Soit 0,03 fois ce que la Terre peut supporter par personne par an pour ne pas aggraver l’effet de serre.

calcul émissions carbone sessions de kitesurf

Ce chiffre de 0,03 vient de l’hypothèse que si on veut limiter le réchauffement climatique à 2°C, chaque humain ne doit pas émettre plus de 2 tonnes de CO2 par an.

Donc si on reprend mon émission de 0,06 tonnes de CO2 liée à ma session, cela représente 3% de mon budget carbone annuel.

Pour info, un trajet aller-retour Paris/New-York « coûte » 2,87 tonnes de CO2 par passager.

Je continue ma lecture du résultat et je vois que le site me propose de me racheter une conscience en compensant mon trajet pour la modique somme de 1,27 euros.

8h45 : La prise de décision

Ces derniers temps mon cerveau mouline en permanence sur ces sujets de crise environnementale et d’effondrement de notre civilisation. Je me demande en permanence comment, à mon échelle, je peux contribuer à sauver l’humanité.

Et force est de constater que je ne trouve pas les bonnes réponses…

Bref, j’ai la tête farcie et une bonne session de kite en plein air me ferait le plus grand bien.

C’est décidé, je m’autorise donc ce craquage écologique… Je paie ma compensation carbone, je charge la voiture et c’est parti pour une session de rêve.

confirmation versement du don pour la compensation carbone

Petite parenthèse technique, il faut savoir que sur le site GoodPlanet, il y a un seuil minimum de 10€ pour faire un don. Dans mon cas personnel, cela ne m’a pas freiné car j’ai plein d’autres sessions à compenser.

Si tu souhaites toi aussi compenser tes émissions, je te conseille donc de raisonner à l’échelle de l’année ou du mois et de faire un seul versement pour compenser l’ensemble de tes sorties sur la période choisie. Tu peux aussi te tourner vers un autre site qui sera peut-être plus souple au niveau des seuils mini.

Je referme la parenthèse.

Après 1h30 de route, je ne suis vraiment pas déçu.

Le soleil et le vent sont au rendez-vous et je me gave pendant plus de 2h sur le spot quasi vierge.

spot de kitesurf idyllique
The perfect spot !

Je rentre l’esprit léger, le sourire aux lèvres et le corps rincé. Une sensation inégalable !

Même si le sentiment de culpabilité est encore présent, je l’ai laissé dans un coin de ma tête pour profiter à fond de ce craquage.


Je t’avoue que je ne sais pas trop pourquoi j’ai écrit cet article. Il ne va certainement pas t’apporter grand-chose mais j’avais besoin de partager avec toi cette sensation et ce sentiment de culpabilité.

Même si mon comportement est loin d’être irréprochable, je passe mon temps à me demander quel est mon impact environnemental. Ça devient presque une obsession.

Toutes mes décisions sont passées au crible de l’écologie. C’est assez pesant et je regrette parfois le temps où je consommais et voyageais sans me poser de questions.

Je continue bien sur de consommer et de voyager mais j’essaie de réduire petit à petit, et à mon rythme, mon empreinte.

Après quelques recherches sur le net je m’aperçois que je ne suis pas un cas isolé et que cela porte même un nom : l’éco-anxiété ou la solastalgie !

En gros c’est ce sentiment d’impuissance et de détresse que certaines personnes ressentent face à la crise climatique et environnementale. C’est un sujet passionnant que je développerai certainement dans un autre article…

Je pense qu’à travers cet article j’avais besoin de savoir si toi aussi tu te poses les mêmes questions. Est-ce que toi aussi tu penses sans cesse à ton impact ? Est-ce que toi aussi tu ressens ce sentiment de culpabilité ?

Si c’est le cas, ne me laisse pas seul et viens me le dire en commentaire 😊

10 Commentaires sur “Pourquoi je culpabilise de faire une session de kite inoubliable

  1. Greg LEPEZ dit:

    Bienvenue au Club des Solastologues…
    Ce que tu exprimes là est mon quotidien et moi aussi parfois je regrette ce bon vieux temps ou voyager et consommer ne me posait pas de problème. Je rentre du Brésil pour 3 semaines de kite et surf…. je suis un gros porc…. 🙂 mais que c’était bon et beau,. par contre même problème là bas avec cette prise de conscience permanente qui me hante et me fait critiquer et pester contre le mode de vie de nombreux Brésiliens et la tendance generale mondiale qui ne me semble pas aller vers la modération…
    Alors aujourd’hui je fais ma part et je prends le bus comme un petit Colibri, c’est pas grand chose mais mieux que rien.

    Bonne journée à toi.

    • Vincent Canu dit:

      Merci Greg pour ton témoignage. Je comprends ce que tu ressens avec le Brésil. J’y ai fait aussi quelques trip kite et je me rappelle bien de tous ces sacs plastiques qui volaient un peu partout… Pour s’en sortir, il n’y a pas 36 solutions, nous devons changer nos modes de vie et revenir à des plaisirs plus simples. Certains appellent ça la décroissance heureuse ou la sobriété heureuse 🙂 Pas facile mais nécessaire. Et cela ne veut pas forcément dire perte de confort mais juste se recentrer sur l’essentiel loin des centres commerciaux : le partage et la relation avec les autres.

  2. Rouvelet dit:

    Salut l’équipe!
    Pour mon cas, je culpabilise dès que je prends ma voiture pour aller au taf. Depuis 8 mois j ai décidé d’utiliser quotidiennement mon VTT pour mon trajet pro (22km A/R).
    Parfois les caprices de la météo ou la peur d arriver à la bourre à la descente du bus de ma fille m oblige à rentrer avec ma caisse. Et là c est le drame dans ma tête!!

  3. Isabelle dit:

    Salut! Et ‘on, tu n’es pas seul et c’est déjà un pas énorme que de se poser la question de l’impact écologique de ‘is loisirs.
    Ton article tombe à point… J’ai fait pareil en revenant de mon surf trip de Noël en avion. Méga culpabilité mais je ne peux pas me passer de surf et … Les vagues près de chez moi, y’en a pas…
    J’ai donné 50€ à Goodplanet avant hier et je planterai plein de plantes vertes au printemps…
    D’ailleurs, j’ai quelques bombes à graines à éparpiller aussi…

    Bref, c’est rassurant de se dire qu’on n’est pas seul et aussi que se poser la question du CO2 est un bon début/réflexe…

    Bonne année et bonnes sessions !

    • Vincent Canu dit:

      Salut Isabelle et merci pour ton commentaire. Ça fait effectivement du bien de voir que l’on est pas seul. J’adore le concept des bombes à graines 🙂
      Bon surf et n’hésite pas à venir profiter de nos magnifiques spots bretons !

  4. Mika L dit:

    Ouah !!! Et bien tristement je trouve que c’est rassurant de ne pas se sentir seul dans ce genre de situation 😀
    Je ne fais pas de session comme évoquée dans l’article mais je ressens ce genre de choses dans ma vie au quotidien. Parfois je suis même à me dire: J’en ai ras le bol, tout le monde s’en fout de la Planète 🌎 alors moi aussi. Et puis je me ravise par ce que je ne le fais pas pour les autres je le fais pour notre relève et leur donner une image « green » pour l’avenir 😊
    Alors MERCI 🙏
    Et Très Belle Année 2020

  5. Clément dit:

    Salut Vincent,
    Même sentiment que toi pour les sessions kite et surf, mais également pour aller au boulot le matin, aller voir ma copine à 65 km de chez moi, aller chercher ma baguette à 3 km, rentrer chez mes parents à 250 km, me demander d’où viennent mes aliments ou le tissus des mes nouveaux zlips français… Alors certes, je fais énormément de covoit’, je roule en vélo le plus souvent possible, je prends le train, je suis veggie, je ne vais que dans les biocoop ou épicerie vrac, je ne prends plus l’avion… mais je ne suis pas malheureux pour autant.
    Nous sommes en pleine évolution des consciences et on se prépare pour notre futur même si aujourd’hui, je suis plus inquiet pour l’avenir de notre planète que de ma retraite.
    Mais d’un autre coté, ça nous permet de nous réinventer, de moins consommer en terme de chiffres mais plus en qualité. Voyager différemment, prendre le temps de faire les choses, accepter de mettre quelques plaisirs de coté, sans pour autant se priver complètement. Il faut que tu trouves ton propre équilibre. Ce n’est pas simple, je n’ai toujours pas trouver complètement le mien (vie pro à améliorer), mais c’est dans la bonne direction. La culpabilité fait partie du chemin, mais tu es dans la bonne direction !
    La bonne semaine !
    Clément

    • Vincent Canu dit:

      Salut Clément. Merci beaucoup pour ton message et ton approche positive. Ta vision des choses est exactement celle que nous souhaitons mettre en lumière au travers du projet La Green Session. Consommer moins pour vivre mieux. Le bonheur réside dans les plaisirs simples du quotidien en privilégiant les rencontres et les moments de partage. Je vais continuer mon cheminement pour trouver petit à petit mon équilibre et l’objectif est de partager nos découvertes inspirantes avec la communauté des green riders. A très vite.

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